Castration mini-invasive des tortues terrestres européennes mâles
Introduction
Le fait qu'il y ait un net excédent de tortues terrestres européennes mâles en Suisse, ainsi que la taille souvent limitée des enclos et l'instinct sexuel prononcé des tortues mâles entraînent divers problèmes. Les tortues terrestres mâles non castrées provoquent une agitation permanente dans l'enclos. Les femelles sont constamment harcelées et des dommages à la carapace ou des blessures de saillie dans la zone du cloaque apparaissent régulièrement. De plus, le comportement agressif entre les mâles entraîne également des blessures par morsure ainsi qu'une nette agitation au sein du groupe.
Diverses méthodes de castration chimique ont été testées au cours des dernières années. Malheureusement, ni l'administration d'hormones femelles, ni celle d'hormones hypophysaires n'ont donné de résultats prévisibles et souhaités. Ces dernières années, la technique de la castration endoscopique mini-invasive a été développée.
Technique
Avant l'intervention, les tortues sont mises à jeun pendant 48 heures afin d'obtenir un tractus gastro-intestinal vide et donc une meilleure vue d'ensemble pendant l'intervention endoscopique. Après l'anesthésie par injection, qui provoque une première sédation significative, la tortue est intubée puis placée sous respiration artificielle afin d'obtenir une anesthésie profonde mais néanmoins sûre. En outre, des analgésiques sont administrés le jour de l'opération ainsi que le lendemain.
Par une incision d'environ 15 mm dans le pli du genou, le testicule est visualisé à l'aide d'un endoscope et fixé à l'aide d'une pince de maintien. Ensuite, les vaisseaux sanguins dans la suspension du testicule sont ligaturés à l'aide de clips vasculaires avant que le testicule soit sectionné. Une fois la plaie d'accès refermée, la tortue doit être retournée et l'ensemble du processus doit être répété de l'autre côté du corps.
Une fois l'opération terminée, la tortue continue à respirer pendant 30 à 60 minutes, jusqu'à ce qu'elle se réveille lentement. Elle est ensuite hospitalisée dans un environnement chaud et humide avant d'être libérée le lendemain.
Aucune des tortues opérées n'a connu de complications notables. Tous les animaux se sont réveillés de l'anesthésie et ont pu sortir le lendemain comme prévu.
Enquête
Entre mai 2018 et fin août 2018, 21 tortues terrestres mâles ont été castrées. Au cours de l'hiver 2018/2019, tous les propriétaires ont été contactés par e-mail et priés de remplir un questionnaire. Les questions et les réponses reçues sont présentées dans les diagrammes 1 à 7.
Sur les 21 tortues terrestres européennes castrées, 18 étaient des tortues d’Hermann (Testudo hermanni hermanni), 1 des tortues grecques (Testudo graeca) et 2 des tortues bordée (Testudo marginata).
Les motivations pour la réalisation de la castration étaient principalement les comportements des tortues terrestres mâles non castrées, contrôlés par les hormones sexuelles (hypersexualité ou agressivité). La prévention de futures éclosions naturelles a également été citée comme motif.
Le temps de récupération perçu par le propriétaire était de moins de 3 jours pour 7 animaux, de 3 à 7 jours pour 12 animaux et de plus de 7 jours pour 2 animaux.
La seule complication perçue a été celle d'une propriétaire qui a fait castrer 3 tortues en même temps. L'une des tortues a eu un temps de récupération plus long que les deux autres.
Pour tous les propriétaires de tortues, les attentes ont été largement (6 animaux) ou totalement (15 animaux) satisfaites.
Tous les propriétaires feraient à nouveau castrer leur tortue, 20 d'entre eux sans réserve, 1 avec réserve.
Après la castration, outre la disparition des comportements hormonaux, les changements de caractère suivants ont été constatés : Chez un animal, on a constaté une augmentation de l'appétit. Trois autres animaux ont pris du poids. Cependant, tous les animaux n'ont pas été pesés après la castration. Par ailleurs, l'été 2018 a été plus chaud que la moyenne et favorable aux tortues, ce qui pourrait également être à l'origine de l'augmentation de l'appétit et de la prise de poids. 6 animaux sont devenus plus calmes selon les déclarations de leurs propriétaires. Là encore, on peut se demander si c'était réellement le cas ou si la disparition de l'instinct sexuel les empêchait de se déplacer toute la journée.
Une remarque qui donne à réfléchir est le sentiment d'une propriétaire d'avoir volé à sa tortue mâle toutes ses occupations quotidiennes. En revanche, les femelles auraient la paix. On peut à juste titre se demander si nous avons raison de porter atteinte à l'intégrité des tortues en les castrant. En fin de compte, nous sommes confrontés à des problèmes massifs liés aux hormones dans l'élevage des tortues et, comme pour les chiens et les chats, la castration permet de les résoudre de manière élégante.
Conclusion
La castration chirurgicale des tortues terrestres européennes s'est imposée comme une méthode efficace pour éliminer les comportements indésirables contrôlés par les hormones sexuelles. C'est la seule possibilité qui permette aux tortues mâles de cohabiter pacifiquement avec leurs congénères.
L'inconvénient est que, en raison de la carapace, les testicules ne peuvent être atteints et enlevés chirurgicalement que par un accès endoscopique dans le pli du genou. L'intervention prend donc non seulement beaucoup de temps, mais nécessite également une infrastructure importante et coûteuse. L'expérience de l'été dernier confirme toutefois que l'intervention, si elle est réalisée sérieusement et dans les règles de l'art, n'est pas liée à des risques notables et qu'elle permet de répondre pleinement aux attentes des propriétaires de tortues.